La Roche – Marie-France n’en revient toujours pas après qu’elle ait été licenciée pour faute très lourde par son supérieur de la médiathèque qui lui reproche d’avoir profité du changement d’heure pour ouvrir les locaux avec une heure d’avance sur l’horaire indiqué et donc deux heures sur l’horaire habituel.

Il n’y a donc pas que les vaches et les personnes âgées qui sont perturbées à chaque changement d’heure en hiver et en été. Les services publics également et leurs responsables ont toujours de la difficulté à s’adapter aux changements, quels qu’ils soient. Si l’on en croit Jean-Pierre Michel, surnommé CFDT (C’est Fatiguant De Travailler) par ses collègues, il est important de ne pas habituer le grand public à plus que ce qu’il a le droit. Si l’on commence à ouvrir à l’heure, voir même avant l’heure, c’est toute une société que l’on déstabilise et qui va ensuite chercher son salut dans les paradis perdus et artificiels. Sommes toutes, Marie-France n’a pas été licenciée car elle avait ouvert trop tôt à cause d’un oubli de réglage de son réveil-matin, mais bien parce qu’elle a rompu délibérément le pacte qui nous lie intimement avec l’administré. Celui-ci sait que l’attente est longue, le contact désagréable, la question malvenue et la réponse tardive. Si maintenant, on le laisse accéder aux lieux sacrés non seulement à l’heure mais en plus avec une heure d’avance, c’est tout un système de valeur qui s’écroule. Comme le dit Jean-Pierre Michel, imaginez si demain le standardiste était aimable et le chef efficace. C’est pratiquement la fin d’une dynastie.

Marie-France a été placée en disponibilité avant de connaître son funeste sort. Son triste exemple sera maintenant cité dans les écoles d’administration afin de servir d’exemple. Sa photo sera prochainement affichée dans les entrées de tous les locaux accueillant du public afin que les employés n’oublient jamais ce qu’il leur en coûterait s’ils venaient à oublier, ne serait-ce qu’une fois, ce qu’il leur en coûterait d’arriver en avance.